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 Cimetière des fleurs

écrivainpoème d'hiver
Cassandre
Cassandre
Messages : 11
Date d'inscription : 08/08/2019
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Lun 14 Oct - 17:26

Aucun bruit, juste le silence (et les quelques sons des gouttes dégoulinantes). Il n'y avait personne. Aujourd'hui n'était pas une journée pour sortir, pourtant j'avais bravé la pluie pour te voir. Elle tombait depuis la nuit en fines particules d'eau. La terre était mouillée par les larmes versées, chutant avec grâce, chuchotant le malheur, roulant le long des joues et des pierres. Les arbres au feuillage d'été laissaient place à celui d'automne. Un feuillage coloré et pourtant si triste. J'aurais pu comparer mes sentiments aux feuilles emportées par le vent, ces feuilles mornes à l'opposé du printemps. Tristes.
Des herbes folles avaient poussé depuis la dernière fois que j'étais venue. Cela datait maintenant de deux semaines et cinq jours exactement. Le portail d'entrée donnait des signes de faiblesse. Il était probable que bientôt, on ne puisse plus le refermer (s'il accepte de s'ouvrir une nouvelle fois). L'allée principale était toute chamboulée. Le sol devait avoir été victime du temps, lui aussi, et les rides nouvelles, creusées sur son visage, confirmaient mon hypothèse. Je te voyais déjà à peine le portail passé. Tu étais presque à l'autre bout. Je devais presque tout traverser. J'empruntais les chemins (enfin j'appelais "chemins" les morceaux de terres inexploités), et j'arrivais devant toi après de multiples virages et beaucoup d'enjambements. Nous étions réunies, face à face. Je m'étais préparée à cette rencontre. Je pensais pouvoir affronter la réalité des choses. Je pensais que je pourrais... Puis arrivée là, je voulais fuir, te fuir, parce que je préférais me bercer dans mes illusions, me dire que tu rentrerais avec moi ce soir. Mais quand je te vois dans ce décor, je sais que tu ne rentreras pas. Tu m'as quittée. Tu me laisses, seule.

Les minutes s'écoulent. Le silence se fait pesant. Il en vient à m'entêter comme cette comptine que tu aimais fredonner et qui me plaisait tant. J'avais envie de te dire tout ce que j'avais sur le coeur mais je ne pouvais pas. J'en étais totalement incapable. Bloquée devant toi, bouche béante. Je n'arrivais ni à sortir un son, ni à détacher mes yeux de toi. J'arrivais seulement à retenir mes larmes, mais j'aurais préféré les laisser couler. Tu me manques tellement. J'aurais voulu te le dire. Mes tentatives pour essayer de briser le silence étaient vaines. Je voulais parler de cette fameuse soirée où tu étais partie. Tout ce que tu m'as laissé, ce sont des mots amers, méticuleusement choisis pour me blesser. Tu me les as lancés au visage violemment. Pourtant tu pensais tes mots. Tu étais sincère lorsque tu m'as dit : "De toutes façons tu ne comprends rien, tu ne comprends jamais rien. Tu ne sais pas ce que je vis. Tu croyais me connaître ? Tu t'es trompée ! Tu ne sais rien de moi, rien ! Moi au moins j'ai compris que tu resterais là à attendre que tout te tombe tout cuit dans le bec parce que tu n'es qu'une incapable ! Incapable de faire un choix, incapable de t'exprimer, et puis... tu fais chier ! Tu ne provoques que de la merde, tu ne sais faire que ça ! Ne te mêle plus jamais de ma vie comme tu l'as fait. Oublie moi.". Tu pensais chaque mot. Et ce que tu m'as dit a claqué dans ma tête en même temps que la porte. Depuis, l'écho de tes paroles se répercute souvent. Mais je ne t'en veux pas. Après tout, c'était comme ça entre nous. Nous étions fortes pour se lancer des paroles vexantes l'une à l'autre. Nous nous blessions, nous nous aimions. Le "nous" me paraît lointain aujourd'hui. Je t'aime et je t'ai blessée. J'aurais voulu que tout se passe comme d'habitude. J'espérais que tu rentres. Je pensais que tu reviendrais, tu revenais toujours, et pourtant, tu n'es jamais revenue.

Autour de nous il n'y avait que des gens comme toi et moi. Des infortunés, malheureux à cause de la vie cruelle que nous vivons. On aurait voulu un monde plus beau, plus heureux, où on aurait été avec ceux.qu'on aime pour toujours. Mais cet eldorado aux belles couleurs ne peut être que trompeur et nous ne pouvons demander l'impossible. J'étais rêveuse. Mais j'ai compris ce qu'avait réellement le sens de la vie grâce à toi. Tu m'as ouvert les yeux. J'aurais préféré les garder fermés encore longtemps. J'aurais voulu que le temps s'arrête. Le temps c'est le problème et le remède à tous les maux. Mon maux c'est de ne pas avoir trouvé les mots momentanément pour te retenir, alors rien ne serait arrivé.

Le vent et la pluie se mêlaient. Je n'avais pas de veste et le froid que j'avais ressenti jusqu'alors s'était intensifié. Mon regard se porta sur les fleurs autour de toi. Certaines avaient bien tenu les périodes de sécheresse et de pluie, d'autres beaucoup moins. Ces dernières avaient développé des maladies. Les feuilles, les tiges, tout était fané ou dévoré par les insectes.Toi, tu aurais su quoi faire. Tu savais toujours quoi faire pour remettre les plantes sur pied. Toujours. Tu avais une sorte de don, la main verte aussi. Tu étais belle lorsque tu regardais tes fleurs et quand tu riais aux éclats. Une fleur parmi les autres... Si seulement tu pouvais revenir…
J'avais promis que je ne me laisserai pas aller. Je ne voulais pas pleurer, mais cette envie le rongeait et était plus fort que moi. Le bruissement de feuilles, les gouttes qui tombent, un silence de mort, un battement d'ailes, un battement de coeur, des larmes qui tombent, le sifflement dans mes feuilles, puis un bruit qui dans la naissance d'un moment vint le faire disparaître. Des gens approchaient, parlant, un couple avec leurs enfants, deux petits garçons. Tu aurais dû savoir ce que je ressentais en les voyant. Enfin tu savais, tu savais toujours tout. J'aurais voulu qu'on soit comme eux, unies.
Ils cherchaient un emplacement, sûrement même des gens. Un des petits garçons leva la tête et me fixa. Je devais offrir un spectacle distrayant avec mes cheveux mouillés, mes affaires trempées et mon air déconfit. Je me retournais vers toi. Il fallait que je parte avant que mes parents s'inquiètent. Je me penchais puis te caressais doucement la joue, humide et froide pour terminer par t'embrasser en retenant un sanglot long. Un adieu silencieux pour ne pas rompre cet atmosphère étrange qui planait. Les cloches sonnaient, il devait être dix heures, ou bien onze. Je sortis, repassant par l'allée sinueuse. Je pris mille précautions pour que le portail de me reste pas entre les mains. Il paraissait tellement fragile. Je pris mon vélo laissé sur le parking. La pluie cessait de tomber. Rouler serait plus agréable pourtant j'aurais voulu que le ciel se déchaîne et me libère de mes entraves. J'aurais voulu rompre toutes les attaches pour ne plus souffrir. Peut être qu'un jour tout cela sera plus facile. Je jetais un dernier regard vers le portail et les gens engloutis avant d'appuyer sur ma pédale et de démarrer.

Petits chemins, ruelles qui commençaient tout juste à se remplir de monde. La pluie n’était plus que le souvenir d’un matin d’été. Arrêtée sur la petite place de l’église, une jeune fille s’occupait d’attacher, pour seulement quelques minutes, son vélo encore perlé de gouttes. Elle était trempée. Elle releva la tête, un bruit venait d’attirer son attention. Non, pas un bruit, un appel. Une dame traversait la route en faisant de grands signes. Elle semblait affolée dans son ciré peu adapté à la saison. Elle parlait fort et vite. On ne comprenait rien. La jeune fille se releva complètement. Elle s’avança à la rencontre de la dame.

- Madame Holly, que ce passe-t-il ?
- Oh toi, toi ! Enfin ! Oh…, dit la grande femme en prenant dans les bras la cycliste.
Tes parents ont ameuté tout le monde pour te retrouver ! Où étais-tu passée ? On a cru qu’il t’était arrivé un truc grave, tu ne te rends pas compte de la frayeur qu’on a eu !
- Je suis là alors ne vous inquiétez pas. Je n’avais plus de batterie pour leur dire que j’allais chercher le pain. Je voulais leur faire une surprise avec des croissants mais je n’ai pas été assez vite avant qu’ils se réveillent...
- Bon je vais les appeler pour les rassurer mais j’espère que la prochaine fois il te viendra à l’idée de prévenir quelqu’un ou juste de laisser un mot écrit…

Je ne venais pas de me faire grondée, juste un peu reprendre. J’avais menti mais c’était pour la bonne cause, personne n’aurait voulu que j’y aille seule. Ils auraient tous voulu me soutenir et ils seraient restés sur mon dos. Je ne l’aurais pas supporté. Puis un mensonge n’est plus si je faisais ce que je venais de dire. Madame Holly s’éloigna mais gardait toujours l’oeil sur moi, comme si elle avait peur de me voir disparaître. J’entrais dans la boulangerie et pris du pain et des croissants. Un peu d’argent en moins dans ma bourse et mes achats dans les mains, je rejoignais mon vélo lorsque je l’aperçus. Il était derrière un petit renfoncement et m’observait. C’était un garçon, âgé une dizaine d’années peut être. Il avait les cheveux blond, mouillés, avec la pluie quoi de plus normal, mais ce qui jurait sur ce petit être, c’était ses yeux. Des yeux bleus, presque transparents, presque aquatiques. Il me faisait peur à me fixer comme cela. Qu’est ce qu’il me voulait ? Je ne l’avais encore jamais vu ici et pourtant il me disait vaguement quelque chose. Mais je n’avais pas le temps de m’attarder sur ce personnage inconnu, il fallait vraiment que je rentre.
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Cassandre
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Date d'inscription : 08/08/2019
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Jeu 21 Nov - 17:59

Un immense soulagement se lisaient sur le visage de mes parents lorsque j'arrivais à la maison. Pas de cris, pas de pleurs, plus de peur que de mal, mes parents me regardèrent avant de conclure que je devais leur laisser des nouvelles si je partais et répondre à leur petit interrogatoire. Cela se comprennait depuis l'accident. Son accident. Tout le monde se souvenait et personne ne voulait revivre ça. Cela fera bientôt deux mois. Deux mois qu'on s'inquiétait, deux mois qu'on voulait savoir comment j'allais, et tout ça juste à cause de moi. Mon prénom fut dit un peu plus fort et je sortis de mes pensées. Un petit ça va traversa mes lèvres avant que tout en moi se referme comme la fleur, délicate, fragile qu'on s'accordait à me décrire. J'aurais aimé être un roc mais j'étais uste l'être vivant le plus fragile qu'on puisse faire. Je voulais disparaitre dans le fond de mes souvenirs, dans le flots de mes abysses, dans le précipice de l'âme. Rien ne pouvait me sauver de mon dégout envers ma personne. Je voulais vomir les dipladénias qui me rappellaient celle que tu avais. Elles dataient du même jour. Maman avait voulu être gentille et sauver ces pauvres plantes qui ornaient ton jardin. Mais je ne voulais plus les voir. Je ne voulais plus... Plus rien.

La jeune fille s'était réfugiée dans sa chambre. Ses parents étaient dehors, dans le jardin, à profiter des rayons en essayant de s'occuper. Mais on ne pouvait les ignorer. Surtout la jeune fille qui paraissait triste. Elle avait perdu la joie dans la balade de son coeur. Il aura fallu qu'elle tombe avec l'autre pour que s'envole l'innocence.

Pourquoi ? La question tournait et virevoltait en boucle. Sans fin. Des murs blancs au meubles de bois clairs, je te voyais. Je te voyais partout. Toujours. Tu hantes mes pensées et te ries de l'archer, tu m'as touchée d'un trait et pourtant tu te plais, te plais à briser mon espoir, te plais à faire pleurer. Oui, je pleure et pleurerai, à chaque été. Le vent venait du nord en une brise légère et tu chantais au loin sous la chaleur printanière. Le dernier film de toi, dernier souvenir que tu me laissas. La seule chanson que tu aimais, c'était bien cette comptine aux mille reflets. Je ne me souvenais plus de toutes les paroles. Et même si on te voyais bien sur cette vidéo, on n'entendais que le vent souffler au micro. Et moi je souffre en te voyant. Et toi, qu'est ce que tu fais en ce moment ? Papa et Maman sont dehors et ils me regardent à travers la fenêtre en espérant, peut être.

La jeune fille sur son écran qu'elle regarde, pleure chaudement. Ses tourments l'empechent de bien voir, ou bien, l'empechent de faire face à ses tourments. Elle s'en veut la malheureuse.

Toutes les photos de toi sont toujours là, pour me rappeler ce que je ne veux pas.
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