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une paupière et un cil
 s'aimaient à la folie
ils passaient tout leur temps ensemble à regarder la mer
se promenaient des soirs durant dans la lueur blafarde des néons
ne faisaient point attention à l'heure bleue
où les fêtards s'arrimaient sur le port
tels des baleines étendues sur la plage,
      ils avaient échoué
dans le crépuscule vespéral la paupière et le cil
se prélassaient sur la dune et jusqu'à minuit pile
clignaient sans retenue en se moquant de l'oeil.
leurs moqueries non pas sévères mais plutôt ironiques
narraient les récits d'un comte apoplexique
(on l'appelait monsieur sourcil)
il avait plusieurs terres mais le plus souvent
il était au front surplombant la cordière du nez
dans ces illiades étaient dissimulés
des jurons atterés par une gaieté maladive
la paupière et le cil goûtaient cette poésie
mais un jour
ils furent séparés
une pince furtive attrapa le cil
le tira violemment
         et ce fut fini.

un orteil et un ongle
 se haïssaient prudemment
ils n'avaient pas le temps de regarder la montagne
ils restaient sur place hors de l'obscurité éclatante des lampes à pétrole
faisaient très attention à l'aube
où les flemmards quittaient la place centrale
tels des flamants roses envolés dans le ciel,
      ils s'étaient élevés
dans le 'aube naissance l'orteil et l'ongle
quittaient le bitume et jusqu'à midi pile
bougeaient avec vigilance en encensant le talon.
leurs éloges plutôt grandiloquents et non pas sérieux
ne disaient rien sur les récits d'une paysan een bonne santé
(on l'appelait madame cheville)
il n'avait pas de terres n'était jamais
sur la plante en contrebas de la colline de la maléole
dans cette odyssée étaient montrés
des compliments émerveillés par une       noirceur salvatrice
l'orteil et l'ongle rejetaient ce roman
c'est pourquoi une nuit
ils furent réunis
une aiguille flasque recolla l'ongle
le poussa doucement
                       et ce fut le commencement.