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 n'oublie pas de sortir les oiseaux quand la tristesse est grande

écrivainpoème d'hiver
pau
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Sam 20 Juil - 19:25

N'OUBLIE PAS DE SORTIR LES OISEAUX QUAND LA TRISTESSE EST GRANDE


Un petit village vallonné où il fait tout le temps gris. Le soleil a oublié de passer par là bas, même les vacances c'est la pluie qui, en remplaçante émérite, fait les intérims. À un kilomètre et demi, un phare se dresse. Il surplombe les écueils contre lesquels se brisent les vagues. Les soirs de tempête, il faut prier longuement les dieux pour espérer se réveiller le lendemain. Les lames viennent frotter jusqu'aux seuils des maisons, à l'intérieur les familles se terrent. Elles ont peur. Elles tremblent. Leurs doigts craquelés par des années à travailler la terre s'entrechoquent, les phalanges amaigries crient famine mais c'est le cœur affolé qu'il faut attendre la fin de la colère des flots. Encore. Toujours. C'est comme ça.
Ça ne s'apprend pas, à NOMVILLE.

( É T É  2 0 1 9 )


Mouette (n. féminin)
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu. Oiseau de mer, palmipède voisin du goéland.

Deux adolescents iridescents courent dans les dunes. Leurs cheveux s'éparpillent dans le vent comme des serpents amoureux. Les coins de leurs lèvres se redressent tandis que leurs doigts s'accrochent, plein du sel de leurs baisers et de la mer, qui résonne au loin. Le cri des mouettes s'est intensifié et les dunes envoient du sable dans leurs chaussures. À l'horizon se dessine un bateau et dans leurs yeux s'esquissent les silhouettes des nuages d'orages juste là bas.
C'est l'été depuis peu mais tout est déjà possible. Ils ont couru à bâtons rompus dans les rues du village et leurs genoux sont égratignés, bleuis d'hématomes crochus dont ils sont les seuls à connaître les secrets. Il semblerait que chaque pavé de chaque rue se soit imprimé sur leurs jambes encore jeunes, que bientôt ce seront les murs qui s'imprimeront sur leurs bras et que bien plus tard, les toits s'imprimeront sur leurs visages.
Ils ont la vie devant eux mais la vie, elle, n'a pas le temps. Elle grappille les secondes à chacune de leurs étreintes et pendant qu'ils cherchent des galets sur la plage, elle leur trace d'infimes rides sous les paupières. Parfois, elle s'efface pour laisser place aux grands éclats de rire, puis reprend son travail de sculptrice sur leur peau de vieux enfants. Tous les habitants de NOMVILLE sont passés par là. La jeunesse est empoisonnée, veut rendre sa couronne à l'oisiveté mais on oublie bien souvent que la candeur est volupté, n'arrivant jamais à suivre la cadence effrénée de la vie. Le quotidien, rythmé par les arrivées du camion de livraison, gorgé de soleil et de fruits, de céréales, de nouvelles graines, les passages hebdomadaires du cirque Hors les Murs, la voisine qui crie que son poisson est frais, rapporté tout droit du fond des abysses par son mari, ce quotidien-là, oui, n'a pas changé en cent ans. Les chiens se poursuivent toujours dans les rues de terre battues, aucune voiture ultra moderne n'a su souiller ce paradis grisâtre. On porte un chapeau même s'il pleut, les parapluies sont bons pour les rares éclaircies, pour se protéger des rayons qui n'ont jamais eu le courage de mordre la peau. Les pierres sont les mêmes, celles sur lesquelles s'adossent Adrien sont restées bien solidement accrochées malgré les nombreuses inondations.

Adrien. C'est ces yeux clos pour toujours, depuis onze ans, vile cataracte. Les cicatrices innombrables sur les bras, les jambes, le cœur. C'est ce vieil homme fatigué au sourire tombant, ce Pierrot lunaire dansant encore, soufflant avec fierté ses quatre vingt huit bougies. Quand il en a éteint vingt, il était pêcheur. 1951. La veille il avait demandé Hortense en mariage, il lui avait dit, il s'en souvient très bien, « La dune est belle la nuit, mais je veux la regarder avec toi. Chaque heure, chaque nuit. Tu… Tu veux bien ? ». Deux ans avant, il était revenu de la guerre, des éclats d'obus fourrés dans les veines mais la vie toujours ancrée dans son regard. Depuis il a toujours peur.
C'est sûrement pour ça qu'il s'adosse constamment contre un mur, par peur de voir surgir quelqu'un derrière. Que lorsqu'il marche, il a toujours un bâton pour se protéger. Maintenant que la cécité a pris possession de sa vue, Adrien n'ose plus trop sortir. Il goûte seulement la pluie depuis sa maison, appuyé sur ces pierres que nous évoquions tout à l'heure. Il pense à elle.
Elle, c'est Hortense, bien entendu. Quatre vingt quatre ans, sœur du gardien de phare, qu'on ne voit jamais. Ramendeuse, prédestinée à la couture par sa mère, hors son père en a décidé autrement. Dans sa jeunesse elle avait les plus belles mains du pays, la coiffure la plus à la mode et tous les regards se posaient sur son décolleté, allez savoir pourquoi. Cependant, même si elle était la plus courtisée, son frère, Mathieu, considéré comme le fou du village, n'osait pas sortir de chez lui. Personne ne saurait vraiment le décrire, petit garçon sans intérêt, laissé pour compte derrière les succès qu'elle récoltait. Hortense a vu partir ses amants un par un pour la guerre, a pleuré, sûrement beaucoup, peut-être. Quand Adrien est parti la première chose qu'elle est allée chercher, c'était du papier à lettre, avec l'espoir qu'il reviendrait. Il lui avait offert des galets de toutes les couleurs, de ceux qui ressemblent aux pierres précieuses. C'était le seul jeune homme qui n'avait pas réussi à lui dire « je t'aime ». Il n'en avait peut-être pas besoin, cela se voyait si on l'observait un peu. C'était évident. Ça l'a touchée.
Alors elle l'a épousé.
Si Adrien aime les palindromes, le sucre dans le café (mais pas trop), les fleurs qui poussent avec difficulté, lui rappelant sa propre croissance, Hortense, elle, préfère caresser son chat en lisant un livre, couper des fleurs et les mettre dans des vases. Ce qu'ils n'aiment pas, c'est le tonnerre. Quand ça gronde au loin, vous savez, que tous les oiseaux partent d'un coup et qu'on voit, à l'horizon, la silhouette d'un bateau chahuté, éclairé par la puissance céleste. Sûrement pour ça qu'ils ont tant pleuré quand Mathieu n'est pas revenu, l'été 1952.

( É T É  1 9 5 2 )


sunny
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pau
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Dim 21 Juil - 10:10

été 2019
Un couple s'est installé dans une maison, en ruines, à cinquante mètre. Celle des parents d'Hortense et Mathieu, laissée ainsi car ce dernier n'en a jamais pris soin, et Hortense, Hortense... Un couple s'y est installé, c'est l'essentiel. Deux enfants, un grand, vingt deux ans, un autre, quinze ans. Objectif : reconstruire. Rénover. Adrien a entendu la vieille radoter ça à Alphonse, le voisin. Il paraît que le grand là, il fait que tchi. Passe son temps à dessiner les paysages, pas comme ça qu'il va réussir, ça que non j'vous l'dis monsieur Alphonse, de la mauvaise graine cet ado. Le petit lui, toujours sur ses écrans. Dans sa bouche des mots laids, des mots pas beaux. Des "Putain de sa mère", des "kiffant on golri bien", Adrien comprend pas une expression du gamin. Il a fait visiter, même sans voir il savait où était chaque piège, chaque entourloupe de l'antique baraque. Il retournait en 1951. C'était bon d'être entre les murs (délabrés), de sentir sous ses doigts la table (bancale) en bois (pourri). D'effleurer l'horloge (dont les aiguilles se sont arrêtées), de tourner la tête vers les photos de leur mariage
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pau
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Dim 21 Juil - 10:10

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pau
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Dim 21 Juil - 17:06

il y eu bien des amours passagers, des amours faits de mots qui sonnent bien et font sucré, des caresses qui éveillent les sens, mais chaque aventure terminée par un désastre ne laisse au fond qu'un sentiment terrible, celui d'une malédiction, la sentence de ne jamais trouver l'âme sœur.
fille adoptive de l'ancien gardien. on murmure sur son passage, mais personne ne sait que c'est elle qui guide les bateaux, depuis que sir cobalt est mort et embaumé, enterré près de la bâtisse dont elle a hérité. elle fait vivre la légende qu'il est encore de ce monde, mais elle est la seule à le pleurer et à savoir la vérité. certains moments, elle se demande pourquoi, ce serait mieux de tout dire mais il y a la peur d'être expulsée, remplacée, alors siobhan reste, droite, dressée dans le phare, sa demeure. funambule, plus passe temps que métier, quand elle danse sur le fil la mort l'embrasserait presque.

la carcasse soupire de porter sur ses frêles épaules l'emblème d'une jeunesse démystifiée.

( P R I N T E M P S )
Hirondelle (n. féminin)
Oiseau migrateur noir et blanc, aux ailes fines et longues, à la queue échancrée en V.
Chevalier aboyeur (n. masculin), tringa nebularia
Le Chevalier aboyeur est une espèce d'oiseaux limicoles de la famille (biologique) des Scolopacidae.
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pau
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Lun 22 Juil - 18:18

🚀 envoyé à : pénélope, cassandre, guilhem, victor, alizée, sarah

ce sont ces yeux clos
les vagues déferlent / s'épanchent
je suis allé sur un générateur de noms de lieu et j'ai trouvé "Caerfyrddin"

Hiver : Mésange
Pics
Pinsons
Troglodyte
Rouge-gorge
Tourterelle

Printemps : Guêpier
Milan
Martinet
Hirondelle
Loriot

Été : albatros
Flamant
Sterne
Avocette
Huppe fasciée

http://www.pokelabo.me.fr
https://www.pokelabo.me/fr/

Automne : grue


ombre bleue
infini bleu
rose boréal
mauve aurore
rouge latérite
bleu cascade
blanc pleine lune
vert rivage
beige falaise
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pau
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Lun 22 Juil - 18:19

( A U T O M N E 1 9 9 0 )
Grue (n. féminin)
1. Grand oiseau migrateur de la famille des échassiers au plumage blanc, gris ou gris-bleu, à l'instinct grégaire développé. La grue est un oiseau constamment affamé, d'intelligence courte et de pied allongé.
2. (familier) Se dit d'une femme qui se prostitue.
3. (architecture) Engin de chantier permettant de déplacer de lourds objets.

Les travaux commencèrent fin août, début septembre. L'automne avait décidé de s'installer plus tôt à NOMVILLE, certains vacanciers étaient partis depuis longtemps, déçus, probablement, par les tempêtes incessantes. La saison avait toute la place pour infliger son courroux. Toute la place.
Adrien était fatigué. Il n'en pouvait plus de toutes ces années à courir en vain après des secrets, toutes ces entourloupes, ces départs, ces arrivées. Il n'en pouvait plus. Plus du tout. Même lorsqu'il ne faisait rien, la fatigue le terrassait. Le bruit que faisait ses voisins l'harassait. La grue, importée de la grande ville par Geneviève pour déplacer les poutres et les murs, le terrifiait. Il fallait dire que le monstre de fer ainsi que toutes les bétonnières soufflaient leurs mélodies constructibles dans une cacophonie des plus rocambolesques.

C'est un après midi qui avait été communément décrété "de repos" que Léandre, le premier fils, apporta des fraises à Adrien.
" Ce n'est pas la saison des fraises, lui avait-il dit, bougon.
— Non, mais je vous en apporte tout de même. "
D'accord. Ils mangèrent les fruits rouges tournés vers la mer. Calme, sereine, il manquait seulement le soleil, pour que la journée soit parfaite, mais l'astre était connu parmi les NOMVILLAGEOIS comme sempiternellement absent.
" Tu ne t'ennuies pas trop ici ? questionna Adrien (comprendre : tu ne te sens pas seul ?)
— Pas tellement, ici le roulement des vagues pallie l'absence de mes amis. "
Il parlait avec des accents d'antan, des mots d'autrefois.
— C'est triste, Léandre, un peu. Mes amis à moi sont morts, ils me manquent.
— Je n'ai pas dit qu'ils me manquaient
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pau
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Mar 23 Juil - 15:01

TRAME (la suite)

- travaux : découvertes
- léandre et jeanne
- le cirque
- les naufragés
- clôture de l'enquête
- disparition de siobhan
- réapparition d'hortense
- le clan du nord
- mathieu ????
- révélations sur alcide
- élucidation
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le coryphée
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Mar 6 Aoû - 23:23

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Sam 10 Aoû - 13:01


( A U T O M N E 1 9 9 0 )
Le lendemain, Léandre est face au mur crypté. Dans sa main gauche, un stylo, devant lui, une feuille, vierge, et la copie de la page trente et une. Main droite, rien. Le téléphone fixe pas trop loin. Des fois que.

( A U T O M N E 1 9 2 3 )
Le lendemain, Siobhan regarde les signes. Assise à même le sol, prête à décrypter. Main gauche : stylo. Devant elle, une feuille, et la lettre d'Adrien. Ainsi que le livre, inscrit dans ces mêmes signes. Main droite : rien.
eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee

ICI IMAGE DU TRUC
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